Nous sommes à quelques jours du tant attendu week-end à
Soulac que les messages fusent déjà sur whatsApp : les chasseurs du DUK
sont chaud patate ! La dernière sortie là-bas ayant été exceptionnelle,
tout le monde est particulièrement excité à l’idée d’y retourner. C’est donc
toute la semaine précédant le départ que tous préparent leur matos, affûtent leur
flèches, vérifient les sandows etc. Mais
certains sont un peu plus laxistes que les autres…
Enfin vendredi ! Les Palois partent de leur côté sans
encombre, mais sur la côte, ça ne se passe pas aussi bien. Alors que Jeff et
moi ne sommes plus qu’à un petit kilomètre d’entrer sur l’autoroute avec la
voiture chargée et le bateau attelé, une étrange fumée se dégage de la roue
gauche de la remorque. Nous nous arrêtons en catastrophe et constatons que les
roulements du moyeu ont totalement explosés, il n’en reste presque plus rien et
la graisse est en ébullition, une vraie friteuse !!! Nous décidons donc de
retourner chez Jeff pour y regarder de plus près et créons un véritable bouchon
sur la route de la corniche, pires que des touristes retraités de septembre.
Nous en profitons aussi pour prévenir Guillaume et Alex que nous devions
rejoindre à Bayonne et qui se montreront très compréhensifs malgré leur
déception, ainsi que les Palois qui au début dubitatifs et croyant à une
mauvaise blague de notre part, comprendront à ma voie décomposée que ce n’en
est pas une.
Nous démontons ce qu’il reste du moyeu endommagé le soir
même, ainsi que celui encore en bon état pour trouver les références des
roulements et décidons de partir le lendemain dès la première heure à Tarnos
pour acheter les pièces et remonter tout ça. Nous sommes nous aussi très déçu
et comptons bien faire notre maximum pour aller taquiner les louvines de
L’Amélie le plus vite possible. Il nous faudra la visite de plusieurs magasins
pour trouver le matériel nécessaire mais le principal est que nous réussissons
à tout réunir. Nous replongeons donc les mains dans la graisse et remontons les
deux essieux le mieux possible.
Nous partons finalement vers midi d’Urrugne. Malgré
notre excitation à l’idée d’aller pêcher dans ce coin magique, nous sommes
surtout très stressés à l’idée que nos talents de mécaniciens ne soient pas à
la hauteur de nos talents de pêcheurs ( ndlr : oui l’auteur s’envoie des
fleurs, ça sent tellement bon !) Petit détours par Bayonne pour prendre
Alex et Guillaume et vérifier que tout a bien tenu et c’est parti POUR DE
BON !
Il est environ 16h lorsque nous arrivons à la cale de mise à
l’eau, juste au moment où les autres bateaux du club sortent de l’eau. Les
glacières ne débordent pas de poissons mais quelques jolies pièces ont été
faites. A parement les conditions sont correctes pour là-bas : visi
allant de 2 à 8m, courant marqué et du clapot, la routine quoi. Mais le plus
important est l’info que nous donne Patrick Rondonneau qui, accompagné d’un
autre « ffba » Eric Perez et d’un DUKien Cédric Vugnon, s’est joint à
nous pour cette sortie : il y a du maigre. Quoi ? Du MAIGRE ?
Oui oui, du maigre ! Et là magie, tels des Power rangers, il ne nous faut
effectuer que quelques pas de danse d’une chorégraphie bien rodée pour nous
retrouver équipés de nos belles combinaisons moulantes.
Nous suivons donc ses conseils et nous dirigeons vers le
phare de Cordouan. Nous y trouvons un agglutinement d’une quarantaine de
bateaux qui pêchent les uns sur les autres et nous nous faufilons entre eux
pour leur piquer le point. Pas de pitiés pour les canneurs ! Nous
descendons plus au sud vers g1 pour dépasser l’eau sale et commençons à pêcher.
Pour pas grand-chose… Le soir arrive, la marée monte et nous retournons sur le
point volé. Il ne reste plus que deux
bateaux de pêcheurs à la canne et l’eau à l’air encore sale. Je suis pour ma
part un peu sceptique, mais me mets tout de même à l’eau pour une première
dérive. La visi est mauvaise mais c’est chassable et la zone est relativement
structurée. A la deuxième apnée, j’approche même quatre belles royales et loupe
un doublé tout fait (des poissons de 2 et 4kg environ) à cause de la sécurité
de mon fusil mal dés-enclenchée OSTIA mais quel
gros C.N de moi!!!
Bon, au moins nous allons pouvoir chasser sur cette
zone, il a l’air d’y avoir du poisson. Mais un bruit m’as perturbé tout au long
de cette dérive, une sorte de bourdonnement permanent, audible depuis la
surface mais encore plus marqué au fond. Certainement mon bateau ou un de ceux
des pêcheurs…Pour la deuxième dérive, Guillaume se met aussi à l’eau, Jeff
reste sur le bateau pour faire la sécu et Alex n’a pas l’air très motivé de se jeter
dans cette soupe marronnasse…
Toujours ce ronronnement très puissant et après deux apnées
sans voir de poisson, une belle silhouette se dessine dans l’eau très sale. C’est
un maigre de 11.6kg qui vient me voir. Je m’applique, le tire proprement dans
la tête et même s’il n’est pas mort sur le coup, j’arrive à le remonter très
facilement car il est bien sonné. Je sens d’ailleurs les coups de tête qu’il
donne en se débattant, un peu comme à la pêche à la canne. J’appelle le bateau
mais constate qu’il est occupé, en effet, Guillaume vient d’en tirer un de
presque 20kg ! Je ne voulais pas y croire, mais ce bruit était en fait le
grognement des maigres qui nous entourent. Je savais qu’ils avaient cette
particularité de ronronner pour se repérer les uns aux autres lors du frai, mais
je ne pensais pas que ce pouvait être aussi fort. Il doit y en avoir des
dizaines !!!
C’est reparti pour une dérive en compagnie d’Alex qui oublie
son appréhension pour profiter de cette chance exceptionnelle de capturer un de
ces beaux poissons qu’il est extrêmement rare de croiser chez nous. Nouvelle
apnée : couché sur un fond de sable le long d’une petite paroi, un nouveau
maigre viens me voir mais disparaît dans le marron (ndlr : d’habitude on utilise
l’expression «dans le bleu », mais ça s’est quand l’eau est claire…).
Je décide donc de longer ce « mini-tombant » en espérant recroiser l’
argyrosomus
regius (cf wikipédia). Mais c’est sur
une belle louvine de 4kg que je tombe finalement.
A laquelle se joindra une
raie bouclée (Raja clavata),ou brunette (Raja undulata), je ne sais plus, celle qui est autorisée bien sûr, pas
l’autre…) à mon accroche poisson.
Le soleil continue de descendre
sur l’horizon quand nous remontons une nouvelle fois le courant. Cette fois,
c’est carrément une dizaine d’individus qui viennent me voir !!! Ils sont
face au jus et me regardent pendant que moi, le plus immobile possible, attends
le bon moment. Le voilà qui se présente : un « petit » de presque
4kg passe devant un autre plus gros et je me dis que je vais pouvoir tenter un
deuxième. Trop gourmand, j’aurai dû assurer un beau poisson plutôt que d’en
vouloir deux. Je remonte sur le bateau et Jeff m’explique qu’il devient très
difficile de nous repérer en surface à cause des reflets du soleil qui est
maintenant très bas. Mais dans ces circonstances je suis pire qu’un gamin trop
gâté et pique un caprice pour faire une dernière dérive. Qui en plus ne donnera
rien, sale petit morveux…
Nous rentrons donc à la cale où
nous nettoyons le poisson et en profitons pour faire quelques photos (que
Guillaume regarde depuis toutes les heures en soufflant un long râle d’extase).
Puis nous rejoignons au traditionnel restaurant le Régina Coco les autres
DUKiens, ou DUKar en basque. Un savant mélange d’expérimentés (ndlr : nous
avons préféré ce terme à celui de « vieux « pour ne pas les froissés),
de jeunes hyper entraînés (snif snif j’adore cette odeur florale!) et de
néophytes de cette zone. Nous nous y adonnerons à l’une de nos autres activités
préférées : le racontage de nos exploits. Une sorte de monologue que
personne n’écoute mais que tout le monde respecte en attendant la fin, pour
pouvoir à son tour surenchérir sur la taille du poisson capturé…
Arrivés au
camping, la veillée sera de courte durée, les organismes étant fatigués par une
longue journée de pêche pour certains et une autre pleine de stress et de
sensations fortes pour les autres. Durant la nuit, nous entendrons tous les
ronronnements, non pas des maigres dans nos rêves, mais celui des
« tronçonneuses » du club, que je ne nommerai pas mais qui trouvent
toujours le moyen de se dispatcher dans les bungalows histoire de faire passer
une sale nuit à tout le monde !!!
Dimanche matin : réveil
très tôt (6h30) pour pouvoir profiter d’une bonne journée de pêche. Nettoyage
des bungalows, restitution des clefs, pleins des bateaux, mise à l’eau. Nous
revoilà sur zone. Par contre et nous nous en doutions, les bateaux de pêcheurs à la canne nous ont
devancés et il est impossible de repêcher sur le spot de la veille où nous
avons vus les maigres. Je suis cette fois en compagnie de Clément et d’Alex.
Quelques dérives sur la zone nord infructueuses, nous prenons donc la direction
de G1. C’est l’étal, nous pourrons pêcher ancrés. L’eau est assez claire et je
réussi à faire une louvine isolée de 3.kg. Mais à part celle-ci et un joli banc
de sars que nous laissons tranquilles, il n’y a pas grand-chose. Clément est
déjà remonté sur le bateau et je l’y rejoins. Mais lorsque nous nous dirigeons
vers Alex pour le remonter à bord il tend hors de l’eau sa flèche sur laquelle
est empalée une jolie louvine. Je plote (ndlr : terme technique qui
désigne l’action d’enregistrer un point GPS sur son lecteur de carte. Non désolé,
rien de salace.) et nous essayons de retrouver le banc qu’il a vu. Mais le
courant est de nouveau présent et nous ne le retrouverons pas. Nous sonderons
sans nous mettre à l’eau sur deux autres points mais ils ne nous inspirerons
pas.
Le temps passe et nous entamons
une nouvelle dérive sur une zone très au sud. Clément et Alex sont à l’eau, je
les surveille. Ils remontent sur le bateau sans poisson mais me disent que la
zone est très belle. Clément aura d’ailleurs cette phrase pleine de bon
sens : « vas-y toi, moi j’ai rien vu, mais toi tu vas y faire du
poisson ! » (ndlr : nous aurions dû prévenir les allergiques au
pollen, ce compte rendu risque de vous déclencher une crise aigüe). En effet, je
lui confie le bateau et réussi à épingler une jolie louvine de 3kg à l’entrée
d’un trou que je ne retrouverai pas mais où s’en trouvaient d’autres. C’est au
tour d’Alex de faire la sécu pour une toute dernière dérive, il est déjà 14h.
Je fais trois apnées et me décide à en faire une toute dernière. Je coule
tranquillement et arrivé à 4m du fond une louvine gicle d’un trou, je la suis.
Un peu plus loin, je la vois, toujours aussi nerveuse, rentrer dans un tunnel
dans lequel je me dépêche d’aller voir. Elle est un peu plus loin et se
rapproche de moi, jusqu’à s’arrêter à une vingtaine de centimètre de la pointe
de ma flèche. Je profite quelques instants de ce moment et la tire finalement
en pleine tête, elle ne souffrira pas une seule seconde. 3kg aussi. Clément
pêchera pour sa part deux louvines lors de cette dérive dont une de 4kg.
Ce
sera d’ailleurs à son tour de râler pour faire une dernière dérive mais il est
déjà tard, il nous reste presque une heure de navigation pour rentrer et des
bancs de sables à éviter...
Nous avons donc réussi (et pourtant
que c’était mal parti !) à passer un excellent weekend. Oubliés les ennuis
mécaniques ! Non seulement grâce aux poissons extraordinaires que cette
zone peut nous offrir mais surtout grâce à l’excellente ambiance qui règne dans
notre club. Cette complicité qui existe entre tous les chasseurs de tous
niveaux est particulièrement appréciable d’autant qu’elle est, malheureusement,
rare dans notre sport. Ce fut aussi pour moi une très bonne expérience ou j’ai
pu me rendre compte de quelques-uns de mes défauts (ndlr : les fleurs fanent.).
Notamment mon trop gros appétit pour les doublés !
Enfin, je tiens à remercier
chaleureusement Patrick Rondonneau pour le tuyau qu’il nous a dévoilé. C’est
une vraie marque de bonté dont il a fait preuve et que peu de chasseur auraient
eu. C’est grâce à lui que nous avons pu faire les fiers (comme des bars tabacs
dixit Guillaume) toute la semaine en racontant nos exploits !!!
Jon
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